Technique du Focus stacking
Je me suis beaucoup posé les questions suivantes et peut être que vous aussi il y en a au moins une qui vous a déjà traversée l’esprit :
- Ma profondeur de champ est trop faible, mon sujet n’est pas net, comment arranger cela ?
- J’aimerais avoir de nouvelles compositions et ne plus être limité à prendre des insectes au profil parfait pour qu’ils soient entièrement net
- J’ai entendu parler d’une science druidique d’empilement d’image mais ne sait pas comment le faire
- Je touche cette sorcellerie celtique du bout des doigts mais mes résultats sous photoshop ont toujours des zones floues que je n’aime pas
Qu’est-ce que le Focus Stacking ?
Le focus stacking (ou empilement de mise au point) est une technique utiliser dans différents domaines comme la photographie de produit (ou packshot), de paysage mais aussi en photographie macro pour obtenir le maximum de détail, du plus petit insecte aux textures fines d’une feuille. Cette méthode consiste à prendre plusieurs photos d’un même sujet, chacune avec une mise au point différente (ou décalée), pour ensuite les assembler en une seule image. Ce processus permet de créer une image où la totalité du sujet, du premier plan jusqu’au fond, est parfaitement net, contrairement à une prise de vue classique où la zone de netteté est réduite.
Exemple avec cette coccinelle entièrement net qui ne l’aurait pas été avec un seul déclenchement :
Même avec une petite ouverture (par exemple f/16 ou f/22), il peut être difficile d’obtenir une mise au point nette sur l’ensemble du sujet et la luminosité perdue demande à compenser avec la vitesse ou les ISO.
Le focus stacking résout ces problématiques en permettant de combiner différentes images à plus grande ouverture sans sacrifier la vitesse ou des ISOs. Ainsi, vous pouvez capturer chaque partie du sujet de manière nette, créant une image plus détaillée.
Les avantages du focus stacking
- Avoir une grande profondeur de champ même en macro photographie sans perte de qualité
- Avoir un maximum de détails
- Avoir un sujet parfaitement net en sortant de la composition de profil (ça me vient surement de ma passion pour les bandes dessinées où les dessinateurs préfères le trois quarts pour donner plus de vie au sujet)
Les Inconvénients
- Plus long qu’une prise de vue simple avec le risque, surtout pour un sujet en extérieur, que le sujet ou le support bouge ce qui fera échouer le focus stacking.
- Demande du post traitement (cela peut être un inconvénient pour certains)
- Cette technique (comme beaucoup d’autres) demande de l’entrainement surtout à main levée.
Comment réaliser un Focus Stacking en macro photographie?
La prise de vue
Comme nous parlons de photographie macro, un objectif macro sera le mieux mais il est aussi possible de réaliser des images avec un objectif monté sur des bagues alonges ou avec une lentille permettant d’augmenter le facteur de grossissement.
De préférence, il vous faudra un trépied et une télécommande mais il est tout de même possible de réaliser un focus stacking à main levée (beaucoup de compte instagram sont dédiés spécifiquement à cette discipline et utilise cette technique à main levée avec un flash + diffuseur, je vous laisse les découvrir)
J’utilise personnellement un objectif macro 105mm ou un 56mm macro et une télécommande, un trépied et un rail macro de la marque NISI. Voici quelques images du rail utilisé :
Le but est donc d’installer le boitier sur ce rail macro. Positionner l’appareil comme présenté ci dessous, tourner la tête rotative pour faire avancer (ou reculer) votre boitier. Le rail est conçu pour un déplacement de 1,25mm à chaque tour.
Si vous êtes intéressé par ce produit, n’hésitez pas à cliquer sur le lien d’affiliation NISI ou à la fin de cet article, allez dans la catégorie macro, vous trouverez la référence rail macro micrométrique NiSi NM 180, vous ne payez pas plus chère mais vous contribuez à développer mon activité donc tout le monde est gagnant.
Je vous recommande aussi les filtres NISI, j’utilise les filtres CPL et ND pour mes poses longues mais je garde ce sujet pour plus tard. Ce rail permet d’avoir une grande précision sur la mise au point (l’élément essentiel pour un Focus stacking réussi). Il est robuste et fiable (il résiste au climat Breton, prochain test en Amazonie Péruvienne), s’installe rapidement et est compatible Arca Swiss.
Quelques conseils sur les paramètres :
- Choisissez une ouverture moyenne (f/5.6 à f/16) pour maximiser la profondeur de champ de chaque image (éviter les valeurs au-delà de f16 qui peuvent détériorer l’image). Je vous conseille de faire déjà quelques essais, une ouverture à f5.6 me permet souvent d’avoir de très bon résultat et de gagner en luminosité mais j’ai démarré avec des ouvertures plus petites.
- Si vous êtes sur trépied, utiliser un déclenchement à distance ou le retardateur pour éviter les vibrations de l’appareil.
- Utilisez un faible ISO pour éviter le maximum bruit.
- Pas de mise au point automatique
- Retirer la stabilisation si votre boitier est monté sur un trépied
Il va donc falloir « balayer » le sujet (ou la zone que l’on souhaite obtenir nette) du point le plus proche au plus éloigné. Placez votre mise au point au plus proche de l’objectif et avancer petit à petit l’appareil en déclenchant, arrêter vous légèrement après la zone finale souhaité. Sur l’exemple suivant, trois images du rectangle sont réalisées pour obtenir un rectangle entièrement net (I1 = image1, I2 = image2, I3 = image3 et Résultat) :
I1
I2
I3
Résultat
Il y a plusieurs solutions pour réaliser cette technique :
- A main levée : il faut être bien stable et utiliser la fonction rafales, è Attention, il y a beaucoup de loupé lorsqu’on ne la maitrise pas
- Avec un trépied et un rail macro
- Avec un trépied et en utilisant la fonction intégrée de décalage de mise au point du boitier (pour ma part j’utilise un boitier NIKON qui permet un décalage automatique de la bague de MAP, certains boitiers proposent même directement d’assembler les images)
Le post traitement
Le moyen le plus simple si vous avez un abonnement Adobe est d’utiliser Photoshop avec les options d’alignement automatique et l’assemblage, il est ensuite possible de retoucher certaines parties manuellement (il existe des tutos sur YouTube).
Un outil spécialisé comme Helicon Focus qui est une référence dans le domaine donnera le résultat optimal (il en existe d’autres mais c’est celui que j’utilise personnellement). Ce logiciel vous permet de traiter vos photos de manière rapide et efficace pour un empilement casi parfait. Il propose des algorithmes puissants qui s’assurent que chaque photo soit alignée et traitée de manière homogène comme pour cette orchidée sauvage :
Quelques astuces
Tout d’abord, comme pour la majorité des cas en photographie, cela demande de l’exercice, surtout pour le cas des insectes en extérieur, on n’est jamais certain que le sujet reste en place et donc de réussir le focus stacking. Il est aussi bon à savoir que plus le rapport de grossissement est élevé, plus la difficulté augmente, il faut donc démarrer avec un rapport adéquat comme 1:1.
Pour cet article (mais aussi pour mon apprentissage au quotidien) j’ai réalisé des essais en intérieur avec une boite blanche lumineuse, j’ai utilisé mon reflexe NIKON avec mon objectif 105mm macro au rapport 1 :1.
Ci-contre, mon sujet avec ma boite et les résultats ci-dessous:
Voici un deuxième exemple avec un plus gros facteur de grossissement :
Le plus gros problème que j’ai rencontré sur mes premiers résultats est la profondeur du sujet. Si un élément est en avant plan, que la netteté doit être sur cet élément et sur celui juste derrière, il risque d’y avoir un flou sur la transition comme ci-dessous :
Le deuxième arrive notamment à main levée lorsque l’on veut aller trop vite, une ligne floue sera visible lorsque l’on déplace l’appareil trop rapidement, autrement dit, il y a une zone du sujet qui n’est pas rentré dans une des profondeurs de champ.
Conclusion
Le focus stacking est une technique qui permet de capturer des images macros d’une clarté et d’une précision exceptionnelles. Elle demande de la maitrise pour éviter les photos flous mais les résultats après quelques semaines sont époustouflants.
J’ai personnellement choisi d’investir dans un bon matériel et un logiciel de qualité pour atteindre les meilleurs résultats. En travaillant avec des marques leaders comme NISI pour le rail macro et Helicon focus, j’ai franchi une nouvelle étape dans ma pratique de la photographie macro et je vous le souhaite aussi.
Je vous remets le lien d’affiliation si je ne vous avais pas déjà convaincu : NISI
Vous souhaitez avoir quelques idées de sujet pour vos futurs essais :
