Rencontre avec une famille de Blaireaux

Le blaireau européen (Meles meles) est un membre de la famille des Mustélidés qui comprend également les fouines, les martres et les loutres. Il est trapu et court sur pattes, il peut atteindre 70 cm de long pour une vingtaine de kilogrammes.
Son corps est de couleur gris, noir et de blanc. C’est un animal nocturne qui a sa routine. Mes repérages m’ont montré qu’il peut être très régulier sur ses heures de réveil et de coucher.

Certain l’appelle le nounours
Avec des traces de pattes comme celles-ci on comprend vite pourquoi, elles ont une nette ressemblance avec l’ours.

La recherche et le pistage
Les traces de pattes sont un premier indice mais ne sont pas les seuls.
Le terrier :
- Si il y a plusieurs galeries, cela lui permet de sortir par un autre endroit s’il pense qu’il y a un danger
- La terre devant le terrier, parce que le Blaireau est très à cheval sur la propreté !
Les feuilles retournées en nombres surtout proche d’un tronc d’arbre avec des racines à nues sont aussi un bon moyen de détecter sa présence.

Les petits trous dans les champs en sont un autre. Il aime chercher les vers de terre surtout après une journée de pluie car la terre est plus tendre et les vers remontent.
J’ai ensuite cherché les traces d’allers et venus caractéristiques, des allées sans feuilles dont la terre est tassée. Une fois tout cela en tête, il reste à connaître les habitudes de notre famille de Blaireaux avant d’y aller pour ne pas les déranger lors des affuts.
Prise d’information


Comme pour la plupart des photographies animalières que je réalise, la patience et la prise d’information est la priorité pour éviter de stresser ou d’effrayer l’animal. Je photographie des êtres vivants qui n’ont pas forcément envie d’être dérangés, je me dois donc de respecter leur quiétude au maximum.
Pour récupérer des informations, je me sers d’une caméra trap (ou caméra piège) très utile car elle peut prendre des vidéos la nuit. Elle détecte les mouvements proches et déclenche la vidéo, cela me permet de récupérer toute sorte d’informations :
- Les horaires de sorties et de retour dans le terrier
- Le nombre d’individus
- Le sens du parcours
- Que se passe-t-il à cet endroit (est-ce un point de passage, un lieu de nourrissage, de toilettage etc…)
- Des comportements particuliers
- …

Résultat après plusieurs affûts, celui-ci n’est pas sorti devant moi comme je l’imaginais, c’est en entendant les vaches dans le champ à proximité que j’ai vu la petite tâche grise longer le fil de clôture :


Pour le connaitre un peu mieux
Ses pattes robustes et pourvues de griffes ainsi que sa tête petite et d’allure conique évoquent une adaptation à une vie fouisseuse.
Il est omnivore mais son régime s’adapte aux saisons. En creusant et en fouillant le sol, le blaireau contribue à l’aération du sol forestier, participant ainsi à l’enrichissement des sols et à la biodiversité.
Ils creusent eux-mêmes leurs terriers. Ils s’étendant sur plusieurs mètres et possédant de nombreuses chambres. Ils peuvent vivre dans ces terriers pendant plusieurs années, et ce réseau souterrain devient une véritable maison familiale, où les jeunes blaireaux grandissent et apprennent à survivre. Certaines observations ont démontré que les blaireaux pouvaient cohabiter avec d’autres espèces dans leurs terriers notamment les renards.
Il m’est aussi arrivé d’être devant une situation assez cocasse, bien installé, en avance et camouflé dans mon affût, j’étais placé face au vent (très important pour l’affût car le blaireau a un très bon odorat), il se trouve qu’un membre du terrier est venu à quelques mètres de moi faire ses besoins car les blaireaux ont l’équivalent de nos toilettes. Heureusement, le vent n’étant pas dans sa direction il n’a pas été perturbé par ma présence et a poursuivi sa nuit, pour ma part j’ai pu profiter de l’odeur avant mon départ.

Ils vivent en groupes familiaux composés de plusieurs individus, comprenant des adultes, des jeunes et parfois des subadultes. J’ai déjà eu l’occasion d’entendre des interactions marquées par des vocalisations, des gestes spécifiques (morsures s’apparentant à du jeu ou du toilettage sans blesser).
En plus de se toiletter, ils nettoient régulièrement leurs terriers, je les ai aussi observés ramener des branches à l’intérieur (je ne sais pas à ce jour si cela a un rapport à l’alimentation, à la propreté ou une autre utilité…)

